Directives Européennes, voitures autonomes, … Quelles sont les prochaines grandes étapes de la mobilité professionnelle ?

En 2026, le secteur de la mobilité connaîtra plusieurs évolutions, sous l’impulsion des nouvelles réglementations européennes et des avancées majeures en IA.

Pour François Denis, quatre transformations redéfiniront le marché des flottes professionnelles : les caméras embarquées, la pression fiscale, l’intelligence opérationnelle et l’essor de la conduite autonome.

1 - L’Union Européenne relancera le sujet des caméras embarquées

Dès le mois de juillet 2026, le règlement relatif à la sécurité générale (GSR) de l’Union Européenne (UE) exigera que tous les nouveaux véhicules immatriculés dans l’UE soient équipés d’un système avancé d’alerte de distraction du conducteur (ADDW). Contrairement au dispositif de détection de somnolence (DDAW) rendu obligatoire en 2024, cette nouvelle exigence impose de fait l’utilisation de systèmes de surveillance du conducteur (DMS) basés sur caméra afin de détecter en temps réel le regard et la distraction. Pour le secteur professionnel, cette future réglementation remettra le sujet des caméras embarquées au cœur des discussions. Bien que la loi n’impose pas de rétrofit, les gestionnaires de flotte seront soumis à une pression les incitant à équiper volontairement les véhicules plus anciens afin de garantir une cohérence en matière de sécurité au sein de leurs “flottes mixtes”, composées d’actifs récents et anciens. De plus, comme le système imposé par les constructeurs (OEM) doit légalement fonctionner en “circuit fermé” - avertir le conducteur sans enregistrer ni transmettre de données - les gestionnaires devront évaluer des solutions aftermarket pour conserver la visibilité et les capacités de coaching dont ils dépendent aujourd’hui. Les entreprises proactives qui anticiperont ces “zones d’ombre” dans les données et engageront tôt le dialogue autour de la confidentialité transformeront cette contrainte en un levier de performance et de sécurité.

2 - La télématique : nouvel allié pour la déclaration des avantages en nature

En 2025, la réforme des avantages en nature a marqué un tournant décisif pour les véhicules de fonction : leur coût fiscal, plus élevé, pousse désormais les entreprises à revoir leurs pratiques de déclaration. Dans ce contexte, la télématique devient un allié incontournable, grâce aux données précises issues des véhicules (kilomètres parcourus pour un usage professionnel ou personnel, temps d’utilisation, consommation de carburant, etc …). Avec ces données, il est possible d’effectuer une déclaration « au réel », beaucoup plus avantageuse pour les employeurs comme pour les collaborateurs. En 2026, un an après cette réforme, les entreprises et leurs collaborateurs réaliseront à quel point il est essentiel de disposer de ces données pour une déclaration plus juste, transparente et optimisée. D’ailleurs, les employés commencent dès maintenant à exiger une mesure précise de leur usage réel. Les organisations qui déploieront rapidement des solutions télématiques fiables bénéficieront d’un double avantage : conformité simplifiée et réduction du coût fiscal, tout en renforçant la confiance entre l’entreprise et ses collaborateurs.

3 - Les agents IA : accélérateurs d’outils sur-mesure

La prochaine vague d'IA ira bien au-delà des chatbots de questions/réponses et s'inscrira au cœur des opérations quotidiennes des entreprises. Le développement et le perfectionnement des agents IA permettront de gérer les flux de travail, relier les informations entre les services et coordonner les tâches de manière à accroître à la fois rapidité et précision. Cette évolution changera la façon dont les organisations appréhendent la productivité : les équipes pourront consacrer moins de temps à la coordination manuelle et davantage à des tâches à plus forte valeur ajoutée. Cette intelligence opérationnelle s’accompagnera d’une accélération de la personnalisation des outils numériques. Chaque typologie de flotte exige des configurations logicielles et des données adaptées à la réalité de ses activités. Les agents rendent cette personnalisation plus rapide et plus puissante, en associant les bonnes données aux capteurs pour obtenir des solutions sur mesure. Les entreprises capables de fournir ces ensembles d'informations à grande échelle donneront le ton, car les industries recherchent des outils adaptés à leurs besoins opérationnels spécifiques.

4 - La conduite autonome va se développer plus rapidement que prévu 

La technologie autonome va considérablement s’accélérer en 2026, guidée par les expérimentations concluantes des taxis autonomes, désormais bien établis dans le paysage californien. Dès que les avantages économiques seront clairement établis, notamment en termes de réduction des coûts d'exploitation et de performances plus prévisibles, son adoption se fera rapidement sur les itinéraires longue distance et les corridors à fort trafic. Les flottes devront commencer à préparer leurs infrastructures et leur stratégie de données en vue de la transition vers l’autonomie. Bien que l’adoption massive reste encore à venir, les bases de données nécessaires au fonctionnement de ces réseaux doivent être mises en place dès aujourd’hui pour rester compétitif. Des données hautement fiables seront essentielles pour donner aux opérateurs la visibilité et la légitimité nécessaire pour exploiter des réseaux autonomes en toute confiance. Les organisations qui s'y préparent dès maintenant seront prêtes lorsque l'autonomie passera d'une évolution lente à un déploiement rapide.